L’emploi à tou(t)(s) prix ! Et l’économie sociale?

2010

À télécharger : PDF (2,1 Mio)

Résumé :

L’étude « L’emploi, à tou(t)(s) prix ? Et l’économie sociale ? » entend prolonger le débat qui a eu lieu lors du colloque organisé à l’occasion des 25 ans de LST Coopérative (Namur, 20 mai 2010). Un débat de société fait défaut sur ce sujet qui pourtant nous concerne tous.

En effet, imposer aux chômeurs des emplois mal payés, c’est faire pression de proche en proche sur les travailleurs en place qui, à leur tour, devront céder, accepter un travail plus difficile, moins bien rémunéré, dans une course à la baisse des coûts du travail. Si l’on n’y veille, des pans entiers de l’activité économique glisseront d’entreprises inscrites dans le circuit normal du travail et de la protection sociale vers des sous-statuts, des sous-salaires et des sous-travailleurs.

Titres-services, activations d’allocataires sociaux, statuts de formation en tout genre : plusieurs types d’emploi créés -selon leurs promoteurs- pour lutter notamment contre le chômage et la pauvreté sont passés en revue par LST, à la lumière de critères simples. Quel impact sur les travailleurs concernés par ces statuts ? Quelle concurrence entre ces emplois et d’autres emplois de l’économie classique (non subsidiés et contributeurs nets à la Sécu) ?

Ces sous-emplois, y compris au sein de l’économie sociale dite d’insertion, permettent à des entreprises d’utiliser des travailleurs à un coût plus bas que ceux d’une entreprise dont le personnel est sous contrat de travail respectant les acquis des luttes ouvrières. Les tarifs pratiqués par des entreprises d’insertion deviennent alors la référence pour les clients. Il ne faut pas être savant pour envisager qu’à terme, les emplois les moins coûteux remplaceront les autres.

Par conséquent, entre les idéaux historiques de l’économie sociale comme vecteur d’émancipation et la réalité des conditions d’emploi dans l’économie sociale dite d’insertion, il y a davantage que de la marge. D’une économie sociale comme moyen de résistance à la misère, on assiste au développement de statuts qui reposent avant tout sur l’exploitation des travailleurs, et particulièrement des plus pauvres.

Cependant, nous osons encore croire, tout en relevant le défi au quotidien au sein de LST Coopérative, en une économie sociale qui incarne une autre façon d’organiser les rapports économiques, où le ‘profit’ est affecté au développement humain.

Sources :

Site de LST www.mouvement-lst.org