L’économie sociale et solidaire : levier de changement ?

Revue du CETRI Alternatives Sud

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AA.VV., CETRI - Centre Tricontinental, Bruxelles, Belgique, juin 2015

L’économie sociale et solidaire serait-elle la solution à la crise financière mondiale ? Constitue-t-elle, dans les pays du Sud, la clé de transition de l’économie informelle vers le travail décent, comme l’affirme un texte récent des Nations unies ? En tout cas, depuis 2008, du fait principalement de sa résilience aux chocs économiques, elle jouit d’un regain d’intérêt et a gagné du terrain dans les esprits comme dans les stratégies institutionnelles.

Espace hétérogène, l’économie sociale et solidaire regroupe un large éventail d’entités – associations, mutuelles, coopératives, entreprises sociales, fondations… –, de secteurs et d’activités, et développe une pensée théorique non univoque, qui emprunte un vocabulaire différent selon les contextes – économie « sociale », « populaire », etc. Plutôt qu’un manque de cohérence, cette multiplicité traduit un positionnement, dont les contours et ressorts participent de sa définition, en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Tiraillée, d’une part, entre des injonctions et ambitions contradictoires ou complémentaires – créer des emplois, inventer un « capitalisme à visage humain » ou construire une véritable alternative –, d’autre part, entre ses prétentions globales et ses pratiques locales plus prosaïques, l’économie sociale et solidaire n’a pas de frontière naturelle ou étanche avec l’économie informelle et l’entreprise capitaliste. Dans quelle mesure, sur quelles bases et à quelles conditions se distingue-t-elle d’une simple moralisation de l’économie pour opérer comme un véritable levier de changement social ?