La Vía Campesina Une réponse paysanne à la crise alimentaire

Site de l’éditeur

Annette-Aurélie Desmarais, Les éditions Ecosociété, Montréal, Québec, novembre 2008

La récente crise alimentaire a mis en évidence les effets dévastateurs d’une politique de libre-échange appliquée à l’agriculture. Dans La Vía Campesina. Une réponse paysanne à la crise alimentaire, Annette Desmarais démontre de façon éloquente les échecs et les dangers d’une agriculture industrielle globalisée et comment, devant cette impasse, le mouvement La Vía Campesina est un véritable espoir, un modèle d’agriculture viable.

Les dernières décennies ont été marquées par une transformation de l’agriculture au niveau mondial, basée sur la modernisation, l’industrialisation, la monoculture, le productivisme et la libéralisation des marchés ; des remèdes censés résorber la pauvreté et la faim dans le monde.

Force est de constater que c’est l’inverse qui s’est produit. Pourtant, l’OMC persiste aveuglément à promouvoir le libre accès au marché national appliqués l’agriculture.

La mutation du monde agricole a permis à des firmes transnationales agroalimentaires d’acquérir un pouvoir surdimensionné qui rime avec disparition de la biodiversité, appauvrissement des agriculteurs, malnutrition, abandon des terres et désastres environnementaux. La toxicité de l’empire Monsanto en est un exemple probant.

C’est dans ce contexte qu’en 1992, des organisations paysannes unissent leur force pour défier les puissances internationales du secteur agroalimentaire et créent La Vía Campesina (la voie paysanne). La Vía Campesina est un rassemblement international de différentes organisations agricoles qui, aux quatre coins du globe, partagent leurs préoccupations, leurs problématiques et leurs revendications pour redonner aux paysans une voix commune.

Annette Desmarais décrit et analyse la construction de cette force politique qui bâtit l’unité dans la diversité, construit des ponts entre les différentes réalités tout en respectant la particularité de chaque communauté. Ce mouvement travaille à établir un terrain commun qui met fin à la division Nord/Sud et introduit une nouvelle culture politique, basée sur la justice sociale et sur la démocratie participative.

Ses revendications sont axées sur la souveraineté alimentaire, l’accès démocratique aux ressources (l’eau, la terre, les semences), le refus de la privatisation du vivant et la reconnaissance de l’identité paysanne. Mais la souveraineté alimentaire reste l’enjeu central de ce mouvement. Elle met de l’avant le droit de chaque nation de produire des aliments de base et de choisir sa politique agricole ; elle prône une agriculture vivrière, des prix décents, un arrêt du processus d’industrialisation des modes de production pour qu’émerge une agriculture durable qui subvient aux besoins alimentaires de tous. En une décennie, La Vía Campesina est devenue la référence incontournable pour représenter les paysans au sein des mouvements altermondialistes. Elle est de tous les forums sociaux mondiaux et se rend à toutes les négociations et tous les sommets sur l’agriculture afin de clamer les revendications des paysans.

 

Il nous revient, paysans et citoyens, d’accompagner ce mouvement pour imposer des choix de vie qui placent à nouveau la personne au cœur des préoccupations sociales, écologiques et économiques.

José Bové

TABLE DES MATIÈRES