La société collaborative - mythe et réalité

Cahier de recherche CREDOC n°313

Emile Daudey, Sandra Hoibian, Dezember 2014

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Summary :

L’essor des comportements plaçant l’individu au coeur de l’action (covoiturage, revente et achat de biens d’occasion, dons, participation à des forums d’échange d’information…) est aujourd’hui incontestable. Ce que l’on pourrait nommer la société collaborative est souvent entouré d’un halo idéaliste et utopiste, à l’instar des mythologies entourant hier les pionniers d’internet : ces nouvelles pratiques recréeraient du lien entre les gens, amélioreraient l’état de la planète, offriraient une réponse aux nombreuses crises et questionnements entourant l’économie capitaliste, voire même sonnerait la fin du modèle capitalistique du XIXème et XXème siècle. D’autres voix dénoncent au contraire un phénomène de mode destiné à améliorer l’image des acteurs du secteur, bâti sur une forme de concurrence déloyale aux entreprises traditionnelles, et qui pousserait à la monétarisation de tous les aspects de la vie quotidienne auparavant à l’écart du marché. Ces controverses sont, sans nul doute, à relier avec le manque de définition précise et partagée des multiples concepts en présence. À partir d’un inventaire des diverses propositions conceptuelles existantes à ce jour, mises en regard avec un état des lieux des initiatives existantes, nos travaux proposent une typologie des pratiques collaboratives mettant en évidence que l’échange entre pairs et une vision plus horizontale de la société constitue le seul véritable trait d’union entre des univers parfois très éloignés. Selon les cas, une confiance plus ou moins grande dans les autres et plus généralement dans les bienfaits du collectif s’y ajoute. Les caractéristiques généralement associées à cet univers (réduction du gaspillage des ressources, participation à un projet commun, création de liens sociaux, partage…) ne sont pas, en réalité, partagées d’un bout à l’autre du spectre, contrairement à ce que le flou conceptuel, et une certaine tendance au « collaborative- washing » pourrait tendre à faire croire. L’analyse des facteurs soutenant les comportements collaboratifs (essor du numérique, perspectives de croissance faible, préoccupations environnementales toujours plus pressantes, méfiance envers les institutions, renouveau du rapport à la propriété et désir de placer l’individu au coeur de la société) laisse supposer que ce nouveau modèle de société est appelé à se diffuser dans les années à venir.

Sources :

www.credoc.fr