Le bien commun est une construction sociale. Apports et limites d’Elinor Ostrom

L’Économie politique, n° 49, janvier 2011, p. 98-112

Jean-Marie Harribey, 2011

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La résurgence des notions de biens collectifs et/ou publics est sans aucun doute due à la perte de légitimité des catégories marchandes, censées résumer la totalité des modes de coordination des sociétés capitalistes modernes. En effet, depuis la métaphore de la main invisible d’Adam Smith

jusqu’à la capacité des marchés financiers à allouer les capitaux et les ressources de la meilleure façon possible dans le monde, en passant par l’équilibre général sur tous les marchés des biens et services affirmé par le modèle de Walras, la théorie économique dominante a forgé peu à peu le

dogme de l’efficience des marchés. Sur ces derniers, les individus parfaitement rationnels et disposant de toute l’information sont en mesure d’exprimer leurs préférences, tandis que, en face, les entreprises évoluant dans un cadre de concurrence parfaite fournissent au meilleur prix, pour

elles-mêmes et les demandeurs, tous les biens et services souhaités.

Mais, de la théorie à la réalité, il y a un gouffre que la récente crise financière qui a dégénéré en crise économique et sociale a encore révélé, tout en laissant voir l’incapacité du système à mettre en place des régulations écologiques à la hauteur des dérèglements actuels.

Depuis les années 50, malheureusement, la vague néolibérale avait réduit

l’espace public et c’est l’attribution, en 2009, du prix d’économie de la Banque de Suède « en mémoire d’Alfred Nobel » à Elinor Ostrom et Oilvier Williamson, qui a remis en lumière la préoccupation de dessiner un cadre conceptuel capable de fournir des clés politiques pour une gestion de ce qui échappe – ou doit échapper – au marché.

Toutefois, ce renouveau d’intérêt n’est pas une simple redite du passé. L’émergence des biens communs renouvelle l’approche en termes de biens collectifs et de biens publics, mais il subsiste encore à leur sujet un énorme flou conceptuel. Nous essaierons de proposer une méthodologie pour mieux cerner les frontières ou au contraire les espaces conjoints aux domaines du collectif, du commun et du public.

Sources :

Site de Jean-Marie Harribey

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