Forum pour une nouvelle Gouvernance Mondiale (FnGM)

Pourquoi un forum pour une nouvelle gouvernance mondiale ?

Aujourd’hui, dire que la gouvernance mondiale est en crise est devenu un poncif. Les citoyens se rendent bien compte que les tensions, les conflits, les guerres persistent, que les institutions nationales, régionales et mondiales sont impuissantes et que leur rôle se limite à éviter une détérioration irrémédiable des conditions de vie et de subsistance des populations. Les fondements conceptuels et idéologiques de ces institutions reposent sur les relations entre États nationaux, et relèvent d’une idéologie de l’État qui a émergé en Europe au 17e siècle et dont le modèle a été progressivement étendu au monde entier. Mais ce modèle ne peut plus se concevoir aujourd’hui sans une re-fondation des États nationaux eux-mêmes, sans une redéfinition de leur rôle, de leurs modalités de fonctionnement et de leur articulation avec les autres ordres politiques.

Mais d’abord, qu’est-ce que la gouvernance mondiale? Au-delà des définitions plus ou moins complexes, et parfois utiles, de ce que peut-être la «gouvernance mondiale», au-delà de conceptions plus ou moins subjectives de ce que ce concept recoupe, nous préférons envisager la gouvernance mondiale tout simplement comme la gestion collective de la planète. On sait que cette dernière a peut-être le défaut d’être assez large mais elle permet en revanche d’explorer toutes les dimensions de ce que peut-être, de ce que pourrait être, la gouvernance mondiale. D’ailleurs, ce concept dépasse de toute les façons le cadre restrictif de ce que furent les «relations internationales», celles-ci demeurant jusqu’à un passé récent le seul prisme à travers lequel étaient perçus les rapports dépassant le champ étroit de l’entité politique dominante, celle de l’Etat-nation, mais qui se conjuguaient obligatoirement à travers celui-ci.

Que les conflits entre les sociétés génèrent des tensions voire des guerres a été un fait récurrent pendant de longues périodes de l’histoire de l’humanité. Mais, en ce début du 21e siècle, les innombrables tensions insuffisamment régulées et l’aggravation inédite de la relation entre les activités humaines et la biosphère, ont atteint des niveaux tels que la survie de l’humanité est en péril. Ceci ne relève plus du catastrophisme. Les populations qui subissent les guerres, les famines, les migrations forcées, les inondations, les attentats en témoignent. Aux guerres lancées par les États et aux dérèglements de l’environnement écologique, nous pouvons ajouter les réseaux mafieux de trafic de drogues, d’enfants, de femmes et d’hommes qui se déplacent par millions à la recherche d’un lieu où ils pourront supporter un peu mieux les dures conditions de l’existence quotidienne. Dans les quartiers populaires des villes, grandes et petites, de tous les continents, il existe de véritables guerres sociales, plus ou moins ouvertes, qui sont une manifestation permanente de l’exclusion et des inégalités économiques et sociales.

Les guerres et les conflits auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui ont des causes diverses : inégalités économiques, conflits sociaux, sectarismes religieux, disputes territoriales, contrôle des ressources fondamentales telles que l’eau et la terre. Dans tous les cas, elles illustrent une profonde crise de la gouvernance mondiale. Et même si le nombre de conflits classiques entre Etats s’est considérablement réduit ces dernières années, il n’en demeure pas moins que les conflits actuels sont violents et que, de plus en plus, ils touchent les populations civiles et les régions les plus fragiles.

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