Organiser et gérer les solidarités sur une base territoriale

« - entre des organisations aux fonctionnalités multiples (entreprises, collectivités, états, réseaux d’entraide, filières etc….) ; « - entre ces personnes et ces organisations avec un environnement biogéographique donné »

Le territoire délimite une étendue de terre sur laquelle s’exerce une autorité dans une géographie des pouvoirs. C’est une maille à gérer inscrite dans une dialogie de l’englobé et de l’englobant. Un modèle de gouvernance étatique s’est imposé au monde. La séparation des pouvoirs a favorisé la promotion d’un état de droit. Mais la barre a été tordue à l’excès, au détriment de la diversité des histoires, des situations et des atouts des cultures locales. Un mouvement inverse de décentralisation s’amorce dans les années 1980 pour corriger les excès de l’économie-monde. Lorsque le profit n’est plus là, elle s’en va, laissant des terres et des usines en friches. Les dégâts se multiplient, mais la décentralisation reste découplée de la remise en question de la croissance économique. Des compétences de gestion sont déléguées à des élus locaux et régionaux qui ne sont pas toujours préparés à les exercer et les moyens dont ils disposent sont rarement déconcentrés en conséquence. Organisations internationales et agences de l’ONU soutiennent l’approche décentralisée comme un instrument adapté aux pays, régions ou populations défavorisés, notamment dans la préparation des objectifs du Millénaire. Ceci complique à l’infini l’intégration, en partant du bas, de toutes les données des problèmes à résoudre.

Oser la diversité et encourager le développement local est le pari audacieux que font les institutions européennes à partir de 1993 dans un contexte de fort chômage. Elles veulent stimuler une recherche conjointe avec les gouvernements nationaux. Un inventaire européen des domaines d’activités, issues d’initiatives locales, est réalisé en 1994. Il recense quatre grands registres : la vie quotidienne, le cadre de vie, les loisirs, l’environnement. Les résultats dépassent les attentes. Des centaines d’expériences sont recensées et comparées, les obstacles identifiés. La stratégie européenne intègre les Initiatives Locales de Développement et d’Emploi (ILDE) à partir de 1995. Les espérances placées dans la diversité comme principe actif de transformation sociale n’ont pas entraîné la mise en place de stratégies, dispositions et moyens d’amplification à la mesure des potentialités. Bien que les dirigeants politiques et publics continuent de recourir au développement local pour s’assurer du soutien des citoyen.nes et des acteurs locaux, « il se profile comme une option au rabais, voire la solution de la dernière chance pour toutes celles et ceux qui n’ont pas la capacité de se confronter à la concurrence du marché » .

En chaque individu cohabite - alternativement ou simultanément - le/la citoyen.ne, l’élu.e, l’électeur/trice, l’administré.e, l’usager.ère de services, le/la voisin.e, le parent, le/la collègue, l’ami.e, le/la consommateurrice/t, l’épargnant.e, l’investisseur. Dans cette nouvelle donne, du moins dans les pays aux fondations démocratiques bien enracinées, chacun.e dispose d’un pouvoir d’intervention et d’une marge d’influence dans le cadre de ses fonctions professionnelles, de ses mandats et de ses responsabilités. Elles ont des poids, des influences et des impacts variés. Mais, du fait de l’importance qu’ont pris ces habitant.es-citoyen.nes, les espaces publics qu’ils font vivre entrent en tension avec la sphère des pouvoirs publics. Les uns et les autres entendent agir, au nom d’une volonté commune, dans des domaines proches, avec des légitimités différentes, pour gérer une ressource ou un bien, soumis à des usages multiples, parfois concurrents. Dans l’ensemble, le territoire continue de servir la visée d’un pouvoir rapproché, sans délibération sur l’essentiel.

Des approches plus ouvertes de coopération ont permis d’obtenir des résultats (voir Axe 8 - politiques publiques). Des expériences, au Québec ou au Brésil notamment, contribuent à poser les bases d’une nouvelle approche. Les interactions se sont multipliées, parfois conflictuelles, souvent concourantes sinon convergentes, entre les différentes catégories d’acteurs qui partagent des préoccupations essentielles et les mêmes interlocuteurs, locaux. Améliorer le bien-être des membres de la communauté, c’est prendre les décisions et les mesures aptes à cela.

Tirer les enseignements de la mobilisation des habitant.es dans la vie sociale des territoires est essentiel. La littérature sur le sujet est immense. L’objectif de ce dossier est d’apporter des illustrations, des analyses plus spécialement appliquées aux interactions horizontales qui intègrent la citoyenneté. Elles sont au fondement de tous les paliers d’une démocratie « complexe » : depuis la gestion des problèmes du quotidien jusqu’aux conditions dans lesquelles se relier, de façon dynamique et différenciée, à l’économie mondialisée.

18 publications

2 thèses

15 Vidéos

6 outils pédagogiques

3 propositions

25 études de cas

32 Documents d’analyse/working papers/articles

4 Chartes /manifestes

4 interventions publiques

4 articles