La chose économique sort de l’ombre grâce à l’association Ressources des pays Sud-Gironde

En organisant des conférences villageoises dans la Haute-Lande, l’association Ressources des pays Sud-Gironde assure l’éducation économique populaire des habitants

En donnant aux citoyens des clés pour comprendre les effets de la mondialisation, notamment sur leur quotidien, elle restitue leur place dans le jeu économique. Son objectif est de faire prendre conscience à chacun de l’intérêt de promouvoir un développement durable et une économie solidaire. Quelques affiches placardées dans le village, une annonce dans la presse locale, un lieu de conférence qui varie entre la salle municipale, un lycée ou simplement le café de la place… la logistique des conférences de l’association est quasiment en place. Ensuite opère cette secrète alchimie qui fait que la conférence atteint son but. Comment ouvrir les portes de l’économie à ceux qui se sentent si loin de la mondialisation et n’y voient qu’une fatalité ? Comment convaincre que la connaissance du phénomène économique redonne à quiconque sa place et une force pour agir sur son propre destin économique, qu’il soit chômeur, employé ou cadre ? Voilà la problématique qui s’est posée à Jacqueline Auriol en octobre 1996.

Cette dernière a mis sur pied une action en trois étapes. La première consiste à organiser les conditions du dialogue, ce qui explique le format villageois des conférences. La seconde réside dans la mise en place d’un programme : un thème économique large toujours ramené au contexte local. Le choix de l’intervenant est essentiel : ce ne sera pas une sommité, mais une pointure qui a, non seulement le souhait de rendre accessible des notions complexes, mais aussi l’envie de s’enrichir du dialogue avec son auditoire. Jean-Louis Laville, qui dirige le CRIDA (Centre de recherche et d’information sur la démocratie et l’autonomie), l’économiste Bernard Perret ou encore Daniel Serezuel (CRIDA) se sont prêtés au jeu. Le résultat est, par exemple, une conférence intitulée Chômage et citoyenneté, qui réunit 35 personnes dans un village qui en compte 350. On dit même qu’à cette occasion le patron du bar qui accueillait la conférence a dû mettre tout le monde à la porte sous peine d’y passer la nuit !

L’ensemble de la démarche de l’association repose sur le constat que fait Jacqueline Auriol en septembre 1995 : chacun doit pouvoir peser sur les choix économiques de son environnement, et pour cela, il doit en comprendre les enjeux. Cela signifie apprendre les codes sociaux de cet environnement, comprendre comment, au sein même de son entreprise, chacun a une place à occuper et donc une responsabilité à prendre. A cette époque, à Saint-Symphorien, une nouvelle unité industrielle d’Escobois, filiale du leader européen du bois, doit s’installer et créer 75 emplois. Dans un village qui compte 136 chômeurs (environ 16 pour cent de la population active), la nouvelle apparaît comme une aubaine. Toutefois, Escobois demande une subvention de son installation à hauteur de 12 millions de francs sur les 60 millions d’investissement nécessaires. Jacqueline Auriol pose alors trois questions au maire : Que va-t-il advenir des scieries familiales du territoire ? De quelle manière les chômeurs de Saint-Symphorien vont-ils profiter de cette arrivée, étant donné, notamment, que leur niveau de qualification demanderait un gros effort de formation ? Si de nouvelles familles s’installent, cela pourra-t-il appeler à de nouvelles activités de service ? Pour aider la municipalité à résoudre ces questionnements, Jacqueline Auriol propose une rencontre avec un spécialiste de la reconversion du bassin lorrain, le maire refuse.

L’association naît un an plus tard : sous-préfet, chefs d’entreprises, DDTE (Direction Départementale pour le Travail et l’Emploi), (Agence Nationale pour l’Emploi), mission locale, au mieux marquent leur intérêt pour la démarche d’explication, au pire ils font déjà le maximum. Depuis, les conférences, débats et tables rondes se sont succédés à Villandrau, Bazas, Uzeste. Ils sont l’occasion de créer la rencontre entre une population désireuse de comprendre et des porteurs d’une expérience réussie. Pour exemple, ce groupement d’éleveurs des Deux-Sèvres, Mouton-village, qui a réussi à sortir de la crise du mouton en créant une charte qualité, un partenariat avec les grandes surfaces et même un parc touristique sur le thème du mouton ! L’association a également organisé deux colloques consacrés à l’économie solidaire.

Mais le manque de moyens, la lassitude d’agir seul fait glisser les conférences du soir à l’après-midi, ce qui provoque un changement de public qui devient professionnel (travailleurs sociaux notamment). La cible est un peu perdue, même si la demande était également très forte de la part de ces professionnels en manque d’informations et d’espace de dialogue. Et l’on observe peu à peu la mise en sommeil pure et simple des conférences. Le manque de visibilité pour les grands mécènes, la trop grande proximité avec des élus locaux inquiets rend l’entreprise difficile. L’association s’est récemment déplacée à Auros à la demande d’une élue. Peut-être l’espoir renaîtra-t-il de ce changement…

Notes:

Cette fiche a été réalisée lors des Entretiens internationaux de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR), à Paris, du 28 au 30 janvier 2002.

Contact : Jacqueline AURIOL, Présidente fondatrice de l’Association Ressources des Pays Sud-Gironde, 4 place de la Mairie, 33124 Auros, FRANCE

Source

Fonti :

D-P-H (Dialogues, Propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale) www.d-p-h.info/index_fr.html