La spécificité de la soutenabilité dans les expériences d’économie solidaire: le cas de la COOPAED

Compendio :

Le travail, ici présent, est le fruit d’une recherche réalisée au sein du Programa de Desenvolvimento e Gestão Social (PDGS), en partenariat avec le Núcleo de Pós-Graduação em Administração da Escola de Administração da Universidade Federal da Bahia (NPGA/EAUFBA) au Brésil. L’étude a pour objectif de proposer quelques paramètres afin de permettre la compréhension de la dynamique de soutenabilité dans les organisations de l’économie solidaire. Nous partons du présupposé selon lequel la construction économique de ce type de pratiques induit une pluralité des logiques entre l’échange marchand, non marchand et les différentes formes de solidarité incorporant sa dimension non monétaire. Une telle considération sur la soutenabilité se place ainsi en relation avec une approche conceptuelle spécifique du traitement du thème, dans laquelle la discussion sur l’économie solidaire s’inscrit dans une analyse d’anthropologie économique. Dans ce type d’approche, un accord s’affirme sur le fonctionnement de l’économie réelle dans laquelle le concept d’économie est défini comme économie plurielle, à savoir, une vision de l’économie qui admet une pluralité des principes du comportement économique. Ce type de regard souligne l’appréhension de différentes dimensions issues de telles initiatives : aussi bien sociale, que politique, culturelle ou environnementale. Il s’agit d’un mode d’analyse qui contribue à redéfinir le sens de l’action économique dans certaines pratiques socio-productives, ce qui suggère une conception élargie des initiatives de soutenabilité. Selon cette conception, nous considérons la soutenabilité dans l’économie solidaire à partir de quatre dimensions ou paramètres fondamentaux d’analyse: économique, socio-culturel, politique et de gestion. Dans le premier paramètre, l’économique, sont pris en considération trois registres ou logiques d’actions: la marchande, relative aux ressources économico-financières issues des pratiques de commercialisation des biens et services; la non marchande, qui a rapport aux ressources économico-financières et à celles provenant des institutions publiques gouvernementales et/ou non gouvernementales; et enfin la logique non monétaire, qui concerne les ressources économico-financières issues des pratiques de solidarité et du travail coopératif. Concernant le paramètre socio-culturel, l’intention est de souligner la nature du lien que l’on construit dans le travail et ses caractéristiques en termes de norme de sociabilité adaptée et de degré de cohésion sociale, dans le but d’évaluer son influence sur le plan de la soutenabilité. Le dernier paramètre considère la dimension politique en relation avec deux niveaux d’influence de la soutenabilité. Le premier, plus interne, concerne le degré de démocratisation des décisions dans l’organisation et le niveau de compromis des personnes, reflétant ainsi la question de la participation politique et le degré d’autogestion dans de telles pratiques. Le deuxième niveau d’analyse de la dimension politique de la soutenabilité concerne le profil institutionnel de telles initiatives de l’économie solidaire, afin de refléter simultanément : a) sa capacité à se constituer en tant qu’espace public, intervenant dans la réalité locale ; b) son niveau d’articulation dans le réseau ; et c) son degré d’autonomie institutionnelle. Finalement, le dernier paramètre d’analyse de la soutenabilité de ces initiatives se rapporte à la dimension de la gestion. Dans celle-ci, sont prises en considération deux composantes : l’infrastructure et la connaissance. Dans la première on évalue les conditions d’accès de l’initiative aux moyens de production, à l’espace physique et aux technologies gestionnaires. Dans la deuxième, sont prises en compte les compétences disponibles du groupe, tant celles concernant les habitudes techniques que celles concernant les habitudes gestionnaires et le niveau de formation socio-politique. Les paramètres d’analyse décris ci-dessus composent un cadre analytique pour l’évaluation de la soutenabilité dans des expériences d’économie solidaire. Ce cadre d’analyse fut appliqué au travers d’étude de cas.