Les organisations d’économie sociale et solidaire au Burkina Faso et les pouvoirs publics

Étude de cas nationale Burkina Faso

Jean-Baptiste Zett, 2013

À télécharger : PDF (1,4 Mio)

Résumé :

Le Burkina Faso a une longue tradition de pratiques de l’économie sociale et solidaire que l’on peut faire remonter aux associations traditionnelles d’entraide et de solidarité tels le « sossoaga », le « songtaaba », ou le « ton » qui sont des formes d’entraide et de solidarité dans les travaux champêtres ou au niveau financier, trouvées dans les communautés villageoises. Cependant, c’est la formule coopérative qui sera promue par les autorités dès avant les indépendances et plus encore après, donnant lieu aux formes actuelles d’organisations d’économie sociale et solidaire (OÉSS). On distingue cinq composantes suivant le critère de la nature des organisations : les coopératives classiques, les coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC), les groupements villageois et/ou professionnels, les associations de développement et les mutuelles sociales.

Leurs désignations courantes ont évolué au gré des orientations stratégiques et des objectifs des politiques de développement. Passant « d’organisations coopératives » dans les années 196O à « organisations coopératives et pré-coopératives » dans les années 1970 pour recouvrir actuellement les notions d’«organisations professionnelles» suivant les filières d’activités ou « d’organisations de la société civile », tendant à faire oublier qu’elles relèvent du mouvement coopératif. La reconnaissance de leur spécificité est faite suivant chaque composante isolément et non en tant que secteur spécifique.

Les OÉSS ont connu ces dernières années un développement accéléré, avec pour objectif de fournir des biens et des services collectifs en amont et en aval de la production, à leurs membres, et d’engager un dialogue avec les pouvoirs publics pour améliorer les conditions de vie de leurs membres.

Les politiques publiques de promotion des OÉSS se sont orientées vers une responsabilisation, une professionnalisation et une structuration des OÉSS dans le cadre du désengagement de l’État lié au programme d’ajustement structurel des années 1990. L’approche va se focaliser sur les filières agricoles prioritaires et sur la microfinance. En termes de performances, la démarche a abouti à plusieurs réseaux ou structures faîtières d’OÉSS, sans pour autant aboutir à un cadre fédérateur et légitime. On dispose certes d’une confédération des OÉSS dotée d’une fonction de services à ses membres mais qui n’est, jusque-là, pas représentative, et des chambres d’agriculture qui sont des établissements publics à caractère professionnel, dotés de la personnalité morale et de l’autonomie de gestion et ayant une fonction de représentation : une nécessaire synergie doit donc s’instaurer. L’importance accordée à la professionnalisation a occulté, du point de vue des appuis apportés, la spécificité de ces organisations qui relèvent de l’économie sociale.

Les pouvoirs publics reconnaissent l’importance économique et technique des différentes catégories d’organisations de l’économie sociale et solidaire et les perçoivent comme des alternatives de lutte contre la pauvreté. Leur intégration formelle dans les cadres de concertation et de négociation sur les politiques publiques s’est progressivement améliorée à partir de 2003, lors de la révision de la politique de réduction de la pauvreté. On observe cependant une influence limitée sur la formulation des politiques publiques et, suivant les secteurs, qui résulte tant des défaillances des pouvoirs publics (déficit en ressources pour soutenir un processus participatif, faible volonté de l’État de conduire un processus inclusif de dialogue, etc.) que des faibles capacités organisationnelles des OÉSS (capacité à construire des positions consensuelles pour l’ensemble des filières ou des professions, faible légitimité des membres désignés pour la représentation, déficit en ressources financières).

La coopération au développement a joué un rôle prépondérant dans le regain d’intérêt pour le secteur de l’économie sociale et solidaire et dans sa nouvelle dynamique de développement en : 1) influant sur les orientations stratégiques en sa faveur; 2) appuyant les expériences existantes; 3) soutenant de nouvelles expériences.

Sources :

Site du RELIESS www.reliess.org